(Publiée le 23 décembre 2011 sur le site Agoravox)
Mesdames, Messieurs les députés,
Je vous écris aujourd’hui afin de vous interpeller sur la situation de la France et des français. J’ai 25 ans, je suis citoyenne française et j’ai grandi avec les valeurs de la République. C’est pourquoi, je garde foi en elle, et en ses institutions.
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Assemblée Nationale |
Je vous écris à vous, Mesdames et Messieurs les Députés, car je garde l’espoir que vous demeurez, siégeant à l’Assemblée Nationale, parmi les principaux garants de nos institutions. Vous arrivez au terme de votre mandat de députation. Vous êtes sur le point de faire le bilan de votre action, de vos cinq années passées à l’Assemblée Nationale. Au-delà de vos différentes familles politiques, vous partagez tous, je veux le croire, les mêmes valeurs républicaines, la même volonté de servir le peuple français. Votre qualité d’élu du peuple au suffrage direct prouve que vous adhérez aux règles démocratiques qui régissent notre nation. Plus encore, votre qualité de Député à l’Assemblée Nationale vous confère le devoir d’exercer un véritable contre-pouvoir à l’exécutif, dans un souci de pondération républicaine.
Malheureusement, je constate que sur certains sujets essentiels (l’intégration européenne ou les affaires étrangères par exemples) votre vote ne reflète pas la volonté dans sa diversité mais une idéologie de caste.
De la Constitution européenne
Il ne s’agit pas d’un sujet mineur. Nous avons hérité d’une Constitution française, texte fondateur de notre Nation, objet premier du pacte républicain. Nous avons dit non à l’adoption d’une Constitution Européenne grâce au référendum de 2005.
Pour la majorité des concitoyens et moi-même, vos votes successifs qui ont permis la ratification du traité de Lisbonne en 2008 peuvent être qualifiés de « haute trahison ». Je souligne que la loi réformant le crime pour Haute trahison, votée en 2007, est tombée à point nommé…
Vous avez sciemment désavoué la volonté populaire, celle la même dont vous tirez pourtant votre légitimité. Pire encore, vous avez consenti à servir des intérêts particuliers, rendant les riches tout puissants au détriment de l’intérêt général. Et vous poursuivez dans ce vice, en organisant minutieusement le démantèlement de notre propre pays ! En êtes-vous seulement conscient ? J’en doute, l’hémicycle remplissant pour certains d’entre vous la fonction de dortoir !
Je ne vous juge pas. « Errare humanum est, perseverare diabolicum ». Or vous faites preuve de persévérance dans votre grand projet européen. L’aplomb avec lequel vous imposez aux français vos plans d’austérité pour sauver ce projet me fait douter de vos compétences, voire de votre honnêteté.
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Deux policiers avec un SDF |
Il s’agit de lois que vous défendez becs et ongles contre notre volonté. Ces lois engendrent directement des contraintes économiques très concrètes pour les français. Par vos décisions tyranniques, vous condamnez des milliers de personnes à la misère. Vous brisez des vies. Vous assassinez froidement. Vous n’êtes pas l’huissier qui procède à l’expulsion, le policier qui arrête, le pompier qui répond à la misère de notre société. Vous, vous êtes tranquillement assis sur les bancs de l’Assemblée Nationale, coupés de notre réalité.
Cette insensibilité doit-elle être imputée au montant de vos rémunérations mensuelles s’élevant à plus de 20 000 euros, hors mandat local (maire, conseiller général ou régional) ? Dois-je vous rappeler que le smic mensuel est aujourd’hui à 1096 euros net ?
Force est de constater que la corruption de vos esprits n’a pas de limites !
Du retour dans le commandement intégré de l’OTAN
Comme si l’avilissement de La France par les technocrates européens ne suffisait pas, vous avez pris la décision en 2009 d’un retour de celle-ci dans le commandement intégré de l’OTAN à 330 voix pour et 238 voix contre. Vous avez ainsi obligé l’Armée française à intervenir dans des conflits injustifiés qui desservent l’intérêt de la France. Vous avez justifié cette réintégration par la nécessité pour la France de retrouver sa place sur l’échiquier politique du monde, alors même que cette décision hypothèque clairement l’indépendance de notre politique étrangère.
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Affiche représentant le
Général de Gaulle
(Hôtel deVille de Paris) |
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Pourtant, la position de la France était claire, grâce à la décision du Général de Gaulle en 1966. En sortant du commandement intégré de l’OTAN, il avait clairement signifié à nos alliés et au monde l’importance de notre indépendance militaire et diplomatique. C’était un gage pour peser dans les relations internationales. Je rappelle que cette position a permis à Jacques Chirac de s’opposer à la guerre en Iraq. Il est choquant qu’aucun débat public n’ait précédé votre décision à l’Assemblée Nationale. Je suis convaincue que votre vote ne reflète pas du tout la volonté du peuple français sur ce sujet majeur. Et pourtant, c’est aux français que vous demandez de se « serrer la ceinture » pour continuer votre projet européen illusoire, tout en continuant à financer vos exactions militaires. Vous ruinez la France et détériorez son rayonnement autour du monde, alors qu’elle fut durant plus de 40 ans et grâce au Général de Gaulle, un phare pour le droit des peuples à disposer d’eux mêmes.
Quelle volte-face ! De principal opposant à la guerre en Iraq il y a 9 ans, notre pays est devenu le premier promoteur de la guerre en Libye. Les maigres butins de guerre convoités par certaines de nos entreprises ne sont rien face aux vies détruites. Dorénavant notre pays alimente clairement le « Choc des Civilisations ».
Sachez que le peuple n’est pas dupe. Les médias français ont certes dit la vérité sur les mensonges proférés à l’ONU pour justifier la guerre en Iraq, mais ils n’ont pas fait leur travail concernant les soi-disant bombardements sur Tripoli et autres affirmations de la FIDH qui ont justifié la guerre en Libye (sur ce sujet précis, merci à Julien Teil pour son
documentaire citoyen).
Où est votre enquête parlementaire sur les faits qui ont justifié l’entrée en guerre de notre pays ? Vous êtes-vous basé sur de simples allégations ? Avez-vous avalé des couleuvres ?
Alors même que le temps serait venu de prendre vos responsabilités, de tirer les conclusions de vos erreurs, vous abandonnez vos prérogatives et laissez dériver notre pays vers l’abîme.
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Assemblée Générale de l'OTAN |
Vous devriez pourtant faire le choix d’une sortie de l’Union européenne, accompagné d’une sortie de l’OTAN, ce qui permettrait à la France de retrouver son indépendance, sa souveraineté, sa force. Vous nous avez imposé un carcan idéologique, économique dont nous ne voulons pas et dont nous souffrons.
Qu’avons-nous aujourd’hui comme recours ? Les élections présidentielles, doublées des législatives, c’est à dire l’éternel bipartisme et ses faux débats clivant ? Quelle hypocrisie, quand on sait que quelque soit le Président élu, le programme économique finalement appliqué sera décidé à Bruxelles.
L’enjeu est donc la reprise de notre souveraineté par tous les moyens que nous ayons en notre pouvoir.
Post-Scriptum : afin de prouver que cette lettre ouverte est non partisane, je tiens à remercier dans une liste non-exhaustive les interventions de Martine Billard, député du groupe GDR, Roland Muzeau, député et président du groupe GDR, Marc Dolez, député du groupe GDR, André Gerin, député du groupe GDR, Jacques Dessalangre, député du groupe GDR, Jean-Pierre Kucheida, député du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche, André Chassaigne, député du groupe GDR, Christian Paul, député du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche, Nicolas Dupont-Aignan député n’appartenant à aucune liste, Daniel Paul, député du groupe GDR, Jean-Paul Lecoq, député du groupe GDR, Jean-Paul Bacquet, député du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche, Michel Sordi, député du groupe UMP. Lors du débat sur le Traité de Lisbonne, elles furent la preuve qu’il existe encore des voix dissidentes à l’Assemblée Nationale. Malheureusement ces voix sont bien trop rares ; elles n’en sont que plus précieuses.
Jennifer Cingouin et Raphaël Berland