16 déc. 2011

De la Guillotine Intellectuelle

"Que tout individu qui usurperait la souveraineté soit à l'instant mis à mort par les hommes libres".



Ceci n'est pas la devise d'un quelconque groupe terroriste, mais n'est que l'article 27 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1793. Si la puissance et la préciosité des textes fondateurs de la République sont inestimables, ces textes sont le plus souvent inconsidérés, ou sciemment bafoués. A la lumière de ceux-ci, nous commenterons cet article au prisme de notre époque.


L'usurpation de la Souveraineté

La Souveraineté peut s'entendre au sens de "Souveraineté Populaire", c'est à dire d'influence du Peuple sur la politique de la Nation. Aujourd'hui, il est évident pour beaucoup que cette souveraineté du Peuple Français est bafouée.

Retrouvée à la Libération, après quatre années passées sous le joug nazi, la Souveraineté Nationale fût magnifiquement incarnée par le général De Gaulle. Ciment de l'oeuvre révolutionnaire du CNR (Conseil National de la Résistance), elle s'est progressivement effritée à mesure que l'idéologie libérale s'imposait par la mondialisation. En France, elle a finalement laissé place à une classe politique indolente ainsi qu'à une technocratie européenne coupés des problèmes et des besoins des français. Pis encore, les oligarques reconnaissent publiquement que nous ne sommes plus maîtres de notre destin. Régis par un traité "pt'être pas très démocratique" selon Jacques Attali, nous vivons dans un système dont les créateurs savaient depuis l'origine qu'il portait en lui les germes de la crise actuelle, crise à laquelle l'Euro ne pourrait survivre qu'avec leur solution miracle : plus de fédéralisme européen. "Pin-pon, pin-pon" font les pompiers-pyromanes.

Décidemment bien bavard, et n'étant pas à une contradiction près, Attali affirme que nous vivons bien en Démocratie, puisque qu'il incrimine le peuple, responsable d'après lui d'avoir élu ceux-là mêmes qui ont creusé la dette publique. "Le peuple est coupable de la crise !" s'écrit-il en choeur avec Alain Minc !

Gardons notre sang-froid face à ce mépris du Peuple, de la Démocratie, de la Nation... Ces usurpateurs, qui ont bien souvent comme point commun leur européisme et leur mondialisme, s'étaient d'ailleurs déjà illustrés, lors de la vaine propagande concernant le Referundum de 2005 sur l'instauration d'une Constitution Européenne.


Nous connaissons la suite de l'histoire... Nos dirigeants (Assemblée Nationale inclue)  ont ouvertement ignoré la Volonté Populaire exprimée par les urnes. A ce sujet, dans une intéressante compilation, Nicolas Sarkozy nous explique que nous consientions à l'instauration du Traité de Lisbonne, pour la simple et inique raison que cela était mentionné dans son programme présidentiel. En somme, les électeurs du Président de la République ont signé le contrat sans prêter attention aux petits caractères. Mais, n'y a-t-il pas eu tromperie sur la marchandise ? Car celui qui fût élu Président du pouvoir d'achat, se révéla Président des riches. Celui-ci est pourant régi par des devoirs clairs. « La souveraineté nationale appartient au peuple, qui l'exerce par ses représentants et par la voie du referendum. Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s'en attribuer l'exercice . (...) » peut-on lire dans l'article 3 du Préambule de la Constituition de la Ve République. Non satisfaits d'avoir violé notre souveraineté, ces usurpateurs ont l'arrogance de revendiquer leurs méfaits, ainsi que l'outrecuandance de nous en attribuer la paternité. Pitoyable cynisme...

Mais les européistes ne cessent de nous le répéter : les mesures qu'ils adoptent sont prises pour le bien commun. Il n'y a, selon l'adage, "pas d'alternative". Les sujets sont "trop techniques", et le peuple, considéré comme incapable de comprendre ce qui est bon pour lui, est exclu du processus démocratique de la manière la plus vile qui soit.


"Mise à mort" des responsables

Evidemment, cet article n'est pas un appel au meurtre ! La mise à mort que nous invoquons est une mise à mort politique, par les citoyens. En effet, le peuple est resté trop longtemps résigné face à ceux qui prétendent agir en son nom.

L'article 35 pourrait être une solution à nos problèmes : "Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs". Radical, mais efficace.

L'usage de la guillottine intellectuelle, voilà ce que sera notre Terreur ! La place de la Nation sera cette fois sur Internet, dans les media, l'espace public. Les Assemblées Populaires, cafés-citoyens, débats universitaires et autres cercles de réflexion seront autant de tribunes pour notre lutte commune.

"Ceux qui rendent une Révolution pacifiques impossible rendent une Révolution violente inévitable"  avertit John F Kennedy en 1963. Nous devons avoir à l'esprit cette mise en garde.

Car le temps est venu de reconnaître cette "lutte des classes" inédite . Elle a lieu entre les citoyens qui subissent le système, et ceux qui l'ont sciemment mis en place. Mais pas d'amalgame simplificateur. Les "idiots utiles", pourtant défenseurs du système, ou les honnêtes riches ne sont pas nos véritables ennemis.

Notre démarche est totalement pacifique et le restera. Ceci ne doit pas faire douter de notre détermination, nous sommes des jusqu'au boutistes !


Les hommes et les femmes libres.

La liberté intellectuelle, voilà ce dont il est question. Que ceux qui pensent par eux mêmes, assistant impuissants à l'effondrement de notre héritage Démocratique, se battent pour ce en quoi ils croient ! Certains sont déjà mobilisés sur le terrain, et le Mouvement des Indignés* en est l'actuel fer de lance. Mais l'extrême majorité reste resignée.

"99%", c'est pourtant le pourcentage de la population qui est apte à se réveiller. Et si la puissance d'un débat démocratique transparent balaierait les obscures manipulations de notre si méprisante kleptocratie, il faut pour cela l'inspirer.

Voilà le fruit de nos modestes réflexions sur l'amusant exercice de superposition de deux périodes historiques éloignées dans le temps, mais pourtant si proches dans l'esprit. Nous espérons qu'elles rejoigneront les vôtres. Car au niveau politique, ce qui nous unis doit être plus fort que ce qui nous divise.

C'est le coeur léger que nous terminons cet article. Nous assumons notre écrit, et nous nous ferons un honneur de le défendre publiquement.

Nous n'attendons dorénavant qu'une chose, que quelqu'un allume la mèche. Et ce quelqu'un, c'est vous !



Raphaël Berland et Jonathan Moadab


Pour les lettres d'amour et les menaces de mort :
lincorrupible.media@gmail.com

Blogs :
http://jmoadab.wordpress.com
http://blackmarianne.blogspot.com

Twitter : @l_incorruptible


* Mouvement des indignés (quelques liens utiles) :
http://paris.reelledemocratie.com
http://forum.occupyfrance.org
http://actualutte.info/indignes
http://www.french-revolution.fr
http://www.democratie-reelle.fr
http://twitter.com/#!/acampadaparis


10 déc. 2011

Il était une fois la (R)évolution

Je vous livre aujourd'hui un extrait du film "Il était une fois la révolution" de Sergio Leone (1971) que vous connaissez peut-être déjà.

Pour ceux qui n'ont pas vu ce film, voici le synopsis donné par Wikipedia :

Mexique, 1913. Deux personnages font connaissance : un pilleur de diligences, Juan Miranda (Rod Steiger), et un Irlandais, membre de l’IRA en fuite, spécialiste en explosifs, John Mallory (James Coburn) — mais dont le véritable prénom est bien Sean, le personnage souhaitant occulter son passé irlandais en dissimulant son identité. Juan voit en John le complice idéal pour braquer la banque d’État (chose rare, les banques, au Mexique, étant toutes privées en 1913...) qui se révélera plus riche en prisonniers politiques qu’en lingots d’or. Juan et John vont alors se trouver plongés en plein cœur de la tourmente de la révolution mexicaine, et ce, bien malgré eux.

Une scène résonne particulièrement à mes oreilles.




Restranscription du dialogue :

Juan Miranda : C'est quoi, ce papier ?

Sean Mallory : Une carte.

(Juan Miranda s'allogne sur la carte)

Sean Mallory : Alors ton pays, tu t'assieds dessus ?

Juan Miranda : C'est pas mon pays. Tu sais qui c'est mon pays ? C'est moi et ma famille.

Sean Mallory : D'accord, mais ton pays, c'est aussi Bertha, les propriétaires terriens et le gouverneur, Gountereza et ses sauterelles, tu sais, la Révolution, c'est pas une plaisanterie.

Juan Miranda : La Révolution... La Révolution... C'est pas à toi, non de dieu, à me parler de Révolution.

Je sais très bien comment ça éclate.Il y a des gens qui savent lire dans les livres qui vont voir ce qui savent pas lire dans les livres, les pauvres gens comme moi quoi, et ces types là leurs disent : "le moment est venu de changer tout ça !

Chut ! Chut ! Chut ! Chut ! Chut ! Chut ! Chut ! Merde ! Je sais très bien de quoi je parle, cette putain de révolution, j'ai grandi dedans.

Ceux qui savent lire dans les livres vont voir ceux qui ne savent pas lire dans les livres et disent aux pauvres : "nous allons faire du changement" et les pauvres bougres font le changement. Après ça, les plus malins de ceux qui savent lire s'assoient autour d'une table et ils parlent et ils mangent et ils mangent et ils parlent... Et pendant ce temps là, qu'est-ce qu'ils font les pauvres bougres ? Ils sont morts ! C'est ça ta Révolution ! Chut ! S'il te plaît, ne me parles plus de Révolution !

Et qu'est-ce qui arrive quand c'est fini, pauvre con ! Rien ! Tout recommence comme avant.

Sean Mallory : (en soupirant) jette dans la boue le livre qu'il était en train de lire intitulé "Mikhael A. Bakunin, The Patriotism"


A l'heure où les indignés (et d'autres) parlent d'une (r)évolution non violente, qui serait également le résultat d'une évolution de chacun d'entre nous, et donc d'un réveil des conscience, cet extrait vient nous rappeler les dangers d'une révolution armée.

Malheureusement, le chaos de la guerre civile n'est pas si loin. L'exemple de la Grèce est tout proche de nous. Agissons avant qu'il ne soit trop tard, mais méfions-nous de toute révolte armée.

25 nov. 2011

Haïlé Sélassié - Guerre

Chers lecteurs et chères lectrices,

Désolé pour ce long silence rédactionnel, gageons qu'il s'agisse du dernier...

Je reviens vers vous pour partager un discours de Haïlé Sélassié 1er, empereur d'Ethiopie de 1930 à 1974. Ce discours a été prononcé le 6 Octobre 1963 à l'Organisation des Nations Unies.


Le discours original est prononcé en Amharique. Heureusement, Bob Marley chante une traduction en anglais d'une partie de ce discours, dans le morceau "War".

Plus près de nous, Bruno Blum a également livré sa version en français du même extrait. C'est ce morceau "Guerre" que je vous propose maintenant :




Voici les paroles :



Tant que la philosophie qui considère qu'une race est supérieure et une autre inférieure ne sera pas finalement et en permanence discréditée et abandonnée ;

Tant qu'il y aura des citoyens de première et de seconde classe dans une nation ;

Tant que la couleur de la peau d'un homme aura plus de signification que celle de ses yeux ;

Tant que les droits de l'homme de base ne seront pas garantis également pour chacun, sans distinction de race ;

Tant que ce jour ne sera pas arrivé, le rêve d'une paix durable, d'une citoyenneté mondiale et le règne de la moralité internationale ne resteront que des illusions fugitives, poursuivies mais jamais atteintes.

Et tant que les régimes mal inspirés et ignobles qui détiennent nos frères en Angola, au Mozambique et en Afrique du Sud
dans des chaînes inhumaines ne seront pas renversés et détruits ;

Tant que la bigoterie, les préjugés et les intérêts personnels n'auront pas été remplacés par la compréhension, la tolérance et la bonne volonté,

Tant que tous les Africains ne seront pas debout, et qu'ils ne parleront pas en tant qu'êtres libres, égaux aux yeux de tous les hommes comme ils le sont aux yeux du ciel,

Tant que ce jour ne sera pas arrivé, le continent africain ne connaîtra pas la paix.

Nous les Africains nous battrons, si c'est nécessaire, et nous savons que nous vaincrons, car nous avons confiance en la victoire du bien sur le mal.

La base de la discrimination raciale et du colonialisme a toujours été économique, et c'est avec des armes économiques que nous avons déjà surmonté certains de ces maux et que nous en viendrons à bout.

A la suite de résolutions adoptées à la conférence au sommet d'Addis Abeba, les états africains ont pris plusieurs mesures économiques qui, si elles étaient adoptées par tous les états membres des Nations unies, changeraient rapidement l'intransigeance en raison.

Je demande aujourd'hui que chaque nation représentée qui soit véritablement dévouée aux principes énoncés dans la charte adhère à ces mesures.

Nous devons agir tant qu'il en est temps, tant que se présente l'occasion d'exercer ces pressions légitimes, de crainte que le temps ne s'épuise et ne nous pousse à recourir à des procédés moins heureux.

En ces temps modernes, les grandes nations de ce monde feraient bien de se rappeler que même leur propre sort n'est pas entièrement entre leurs mains.La paix réclame les efforts unis de chacun de nous. Qui peut prédire quelle étincelle pourrait mettre le feu aux poudres ?

Pour chacun d'entre nous, l'enjeu est le même : la vie ou la mort.Nous souhaitons tous vivre.Nous cherchons tous un monde où les hommes seraient libérés des fardeaux de l'ignorance, de la pauvreté, de la faim et de la maladie.

Et, si la catastrophe devait survenir, nous serions tous pressés d'échapper à une pluie nucléaire mortelle. Les problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui sont tous à parts égales sans précédent Ils n'ont pas de contrepartie dans l'expérience humaine.

Les hommes cherchent des précédents et des solutions dans les pages de l'histoire, mais il n'y en a aucun. Ceci est donc le défi suprême. Où allons-nous chercher notre survie, les réponses à des questions qui n'ont encore jamais été posées ?
Nous devons tout d'abord, nous tourner vers le Dieu Tout-puissant Qui a élevé l'homme au-dessus des animaux et l'a doté d'intelligence et de raison.

Nous devons avoir foi en Lui, qu'Il ne nous abandonne pas ou qu'Il nous permette de détruire l'humanité qu'Il a créée à son image. Et nous devons regarder en nous-mêmes, jusque dans les profondeurs de nos âmes.

Nous devons devenir ce que nous n'avons jamais été, ce à quoi notre éducation, notre expérience et notre environnement nous a très mal préparé.

Nous devons être plus grands que ce que nous avons été : plus courageux, à l'esprit plus large, au point de vue plus ouvert.

Nous devons devenir les membres d'une nouvelle race, dépasser nos préjugés insignifiants et nous soumettre à la fidélité ultime que nous devons non pas aux nations, mais à nos semblables les hommes au sein de la communauté humaine."




Vous pouvez télécharger ce morceau en version MP3 gratuitement sur le site de Bruno Blum alias Doc Reggae :
http://www.docreggae.com/musique/war.htm


Voici également la version complète du discours d'Haïlé Sélassié, traduit en français :
http://www.jahmusik.net/rastawar.htm





A NOTER
Bruno Blum vient de sortir le 11.11.2011 la compilation HUMAN RACE, sur laquelle se trouve le morceau :

Page Facebook (avec album de photos)

Pour écouter le disque

Pour voir le clip et acheter

Lire le livre


24 févr. 2011

De la Révolution en Libye

Aujourd'hui, ce qui retient notre attention, c'est bien évidemment la situation en Libye. Depuis 2 mois, les pays arabo-musulmans se révoltent contre leurs dirigeants, et contre la nature dictatoriale des régimes en place dans leurs pays. Cette révolte a commencé en Tunisie, et a abouti notamment au départ du dictateur Ben Ali.

La révolte libyenne a commencé il y a plus d'un mois, le 13 janvier, et pourrait malheureusement dégénérer en guerre civile, à cause de la folie d'un homme : Kadhafi. Celui-ci refuse de quitter le pouvoir, ce qu'il a d'ailleurs réaffirmé hier dans une allocution télévisée terrifiante, disponible ici.

Pour prendre la mesure de sa folie, voici une courte citation de son discours : "La Libye dirige l'Afrique, l'Asie, et même le monde". Pourquoi pas l'univers, pendant qu'il y est !

Mais revenons au sujet, qui ne laisse pas vraiment de place à la plaisanterie. Dans le discours prononcé hier soir, il se dit prêt à mater la révolte dans son pays à coup de "boucherie" (le terme est de lui). Boucherie est effectivement le mot qui vient à l'esprit, quand on repense à l'épisode dramatique survenu avant-hier, au cours duquel des avions de l'armée libyenne ont tiré sur leurs propres citoyens.

Les bilans provisoires des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre font état de plusieurs centaines de victimes.

Rappelons que cette boucherie est réalisée en partie avec des armes et des munitions françaises puisque, même si les avions Rafales négociés avec la Libye en 2007 et en 2010 n'ont pas encore été vendus, l'armée de l'air libyenne dispose quand même d'avions Mirages.

On ne peut que s'indigner devant le magistral retournement de veste de nos dirigeants, qui copinaient avec Kadhafi ces dernières années, et qui fustigent maintenant leur ancien copain... Kadhafi appelait Sarkozy son "frère", et l'actuel ambassadeur de France en Tunisie son "fils"...

A noter que Kadhafi a perdu le contrôle de l'Est du pays ; le ministre de l'intérieur a démissionné et a indiqué son ralliement à la révolution ; 2 pilotes d'avion de l'armée libyenne ont déserté et se sont enfuis à Malte avant-hier, après avoir refusé de tirer sur la foule. Aujourd'hui, c'est un avion militaire libyen qui s'est écrasé, après que l'équipage ait refusé de bombarder la ville de Benghazi, puis se soit ejecté. Ceci semble indiquer que l'armée ne soit pas toute entière derrière Kadhafi.

Enfin, certains des diplomates et ambassadeurs libyens actuellement en poste ont également démissionné, pour protester contre la violence de la répression.

En France aussi, notre président doit faire face à une fronde de diplomates et d'ambassadeurs, ce qui est la moindre des choses quand on constate l'amateurisme avec lequel l'Élysée de Nicolas Sarkozy gère les affaires étrangères de la France.

4 févr. 2011

De La Révolution En Tunisie

Un immense espoir est né en Tunisie, pas seulement pour les tunisiens, le Maghreb, ou le monde arabe, mais pour le monde entier.

En effet, voici une révolution citoyenne, non télé-guidée par une puissance étrangère, par une puissance religieuse ou idéologique, mais une révolution tout de même, avec des revendications fortes et précises, une alliance nationale et populaire, et une fermeté dans l'engagement que seul le désespoir peut générer.

Alors que la révolte gronde à présent en Égypte, la tension semble être redescendue d'un cran en Tunisie, suite au départ du dictateur Ben Ali. Avec un gouvernement transitoire, dirigé par M. Mohamed Ghannouchi, et assurant l'intérim, des élections sont prévues pour le 1er semestre 2011.

A première vue, il semble que la révolution Tunisienne, dite de Jasmin, ait réussi : départ du dictateur, organisation des premières élections libres dans le pays, bain de sang général évité. Cependant, l'oligarchie proche du clan Ben Ali, et notamment l'armée, ne comptent pas pour autant abandonner le pouvoir. On peut dors-et-déjà parier sur la présence aux élections de personnalités présentées comme "neuves", mais en réalité soutenues par d'anciens apparatchiks du pouvoir, et/ou par les Etats-Unis. Les premières versions du gouvernement de transition n'étaient d'ailleurs pas exempts de ces fantômes du passé.

Les revendications populaires concernent aussi bien la dictature elle-même (absence de démocratie, torture des opposants, etc.) que le rejet d'un nouvel ordre économique imposé par la mondialisation, et qui fait flamber les prix. Le futur gouvernement issu des urnes saura-t-il répondre à ces attentes ?

Alors, pour bien faire, cette révolution doit rester populaire : une alliance sacrée entre les couches les plus pauvres de la société tunisienne et la bourgeoisie locale, avec l'aide bienveillante d'une diaspora désintéressée politiquement.

Si la révolution tunisienne se cantonne à des élections, alors elle aura partiellement échoué. En effet, et nous le savons bien en occident, les élections font le jeu des partis, et les partis font le jeu des puissances d'argent. Ces partis changent les choses à la marge, sans rien modifier de l'essentiel : le statu quo dans la répartition des richesses.

Si les tunisiens veulent du changement, alors ils devraient organiser des états généraux en vue d'une constituante. Cela passe par des cahiers de doléances, ainsi que le suggère la Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives :
http://humanite.fr/25_01_2011-les-cahiers-du-tiers-immigre-463288

Mais il s'agit d'un processus plus large, comme le rappelle John Groleau de l'association Pour Une Constituante :
http://www.pouruneconstituante.fr/spip/spip.php?article357