13 avr. 2010

Les stocks d'or nationaux

Pierre Jovanovic
Succédant à la Livre Sterling, le Dollar est aujourd'hui LA monnaie des échanges internationaux. Mais ce n'est certainement pas un placement sans risque, contrairement à l'or.

L'or justement, et les stocks d'or nationaux, il en est question justement dans la vidéo qui suit : Laurent et Pierre Jovanovic sur Radio Ici et Maintenant





Paroles d'experts

Je ne peux décemment pas mettre en ligne le dossier complet DE L'ETAT PROVIDENCE A L'ETAT MANAGER, qui fait suite à l'édito de Serge Halimi publié dans Le Monde Diplomatique n°669 et que je relatais dans mon précédent message... Mais je ne peux résister à l'envie de vous restituer les citations imprimées en bordure de page du journal !

Ah... Le copier / coller... C'est sûrement une déformation professionnelle ;-) Bon, même s'il y a moins de vidéo et plus de texte, il y a encore peu d'expression personnelle ici. Enfin, sur un sujet aussi pointu que l'économie, mieux vaut écouter quelques...


PAROLES D’EXPERTS


David D. Friedman, économiste

« Tout ce que font les gouvernements se divise en deux catégorie : des tâches que nous pouvons dès aujourd’hui leur enlever, et des tâches que nous espérons leur enlever demain. »

The Machinery of Freedom : Guide to a Radical Capitalism, Open Court Publishing Company, Chicago, 1989.



Philippe Manière, directeur de l’Institut Montaigne, Paris

« Les Etats sont comme des pompiers qui doivent éteindre les incendies puis rentrer dans leurs casernes. »

Cité par Eric Dupin dans Le Monde diplomatique, février 2009



Milton Friedman, économiste.

« Rares sont les règles permettant de renverser cette tyrannie de l’immobilisme. Il en est une, claire, à tout le moins : s’il faut privatiser ou élaguer une activité publique, faites-le complètement. Ne recherchez pas un compromis grâce à une privatisation partielle ou à une réduction partielle du contrôle étatique. Semblable stratégie revient tout simplement à laisser dans la place un quarteron d’adversaires déterminés qui travailleront avec diligence (et souvent avec succès) à renverser la vapeur. »

Le Monde, 20 juillet 1999.

(Note Du Blogueur / NDB : nous reviendrons sur ce Milton Friedman, théoricien influent du néolibéralisme)



James Carter, président des Etats-Unis

« Il y a des limites à ce que l’Etat peut faire. Il ne peut pas résoudre nos problèmes. Il ne peut pas fixer nos objectifs. Il ne peut pas définir notre vision. Il ne peut pas éliminer la pauvreté ou assurer l’abondance ou réduire l’inflation. Il ne peut pas sauver nos villes, lutter contre l’analphabétisme ou nous procurer de l’énergie. »

Discours sur l’état de l’Union, 19 janvier 1978.



Roger Douglas, premier ministre de la Nouvelle-Zélande.

N’essayez pas d’avancer pas à pas. Définissez clairement vos objectifs et rapprochez-vous-en par grands bonds qualitatifs. (…) Une fois que le programme de réformes commence à être mis en œuvre, ne vous arrêtez qu’après l’avoir mené à terme : le feu de vos adversaires est moins précis quand il doit viser une cible qui ne cesse de bouger. »

Cité par Serge Halimi, Le Grand Bond en arrière, Fayard, Paris, 2006.



Olivier Mazerolle, directeur de l’information de RTL, à propos des mauvais résultats des athlètes français lors des Jeux olympiques

« Les Français ne sont pas sportifs parce que nous avons l’habitude de l’Etat-providence. »

France 2, 26 février 1994.



Denis Kessler, vice-président du Mouvement des entreprises de France (Medef)

« Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. (…) Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s’y emploie. Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme… A y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! »

Challenge, 4 octobre 2007.



Henri Dorgères, député d’Ille-et-Vilaine de 1956 à 1958, fondateur du mouvement fasciste des Chemises vertes

« Le fonctionnaire, voilà l’ennemi ! »

Révolution paysanne, éditions Jean-Renard, Paris, 1943.



Vincent Bénard, président de l’Institut Hayek, Bruxelles

« En voulant accélérer artificiellement ce que l’économie libre accomplissait à son rythme, c’est l’Etat, tantôt régulateur, tantôt législateur, qui a poussé à l’irresponsabilité les acteurs de la chaîne du crédit, provoqué une crise financière grave, et acculé à la faillite nombre de faillite qu’il prétendait aider. »

Le Figaro, 9 septembre 2008.


12 avr. 2010

Une dette providentielle, par Serge Halimi

L'article que je vous présente aujourd'hui est issu de l'excellent mensuel Le Monde Diplomatique (n°669 - Décembre 2009). Il a d'ailleurs été écrit par le rédacteur en chef du journal, Serge Halimi, dont j'apprécie particulièrement les tribunes réalistes, sans concession.




UNE DETTE PROVIDENTIELLE...

Grâce à des injections plantureuses d’argent public, les banques ont retrouvé leurs couleurs. Elles émergent même de la crise financière plus grosses et plus puissantes qu’avant. Et donc plus susceptibles encore de prendre les Etats « en otage » lors de la prochaine tempête. C’est le moment que les gouvernements occidentaux et les banques centrales ont choisi pour sonner à nouveau le tocsin contre la dette.

Astucieusement mis entre parenthèses tant qu’il fallait débourser des montants dépassant l’entendement pour sauver Goldman Sachs, la Deutsche Bank ou BNP Paribas, le spectre de la faillite resurgit afin, cette fois, de hâter l’invasion des logiques de rentabilité commerciale dans les activités qui en étaient préservées. Alourdi par la panne économique, le poids de l’endettement sert une fois de plus de prétexte au démantèlement de la protection sociale et des services publics. On prédisait, il y a un an, le coma des libéraux ; ils trouvent dans l’annonce répétée que « les caisses sont vides » l’instrument de leur résurrection politique.

Ils ne vont pas ralentir l’allure. La nouvelle coalition au pouvoir à Berlin a promis 24 milliards d’euros supplémentaires d’allègement d’impôts, alors que le déficit allemand atteindra déjà prêt de 6,5% du produit intérieur brut l’an prochain (plus de deux fois le taux maximum autorisé par le pacte de stabilité et de croissance de l’Union européenne). Les conservateurs britanniques se sont engagés à diminuer l’impôt sur les sociétés. Et, en France, depuis l’élection de M. Nicolas Sarkozy, la droite a successivement supprimé l’imposition des heures supplémentaires, dressé un « bouclier fiscal » autour des revenus du capital, réduit les droits de succession et décidé d’éliminer la taxe professionnelle acquittée par les entreprises.

Jadis, les conservateurs se montraient soucieux de comptes en équilibre, au point de consentir à des hausses d’impôts. Depuis près de trente ans, au contraire, les déficits publics sont leur création consciente, destinée à paralyser les velléités d’intervention de la collectivité. Une pratique laxiste, qui ampute les recettes, se double d’un discours catastrophiste permettant de refouler les dépenses de l’Etat-providence.

« Reagan a prouvé que les déficits ne comptaient pas », répliqua en 2002 le vice-président américain Richard « Dick » Cheney à son ministre des finances qu’inquiétait une nouvelle baisse des impôts directs. M. Cheney entendait par là que les déficits ne nuisent pas forcément à celui qui les décide, puisque Ronald Reagan fut largement réélu en 1984 après avoir triplé ceux-ci au cours de son premier mandat. Mais la contrainte budgétaire pèse plus lourd sur les successeurs, surtout quand on les soupçonne d’être prodigues au seul motif qu’ils ne sont pas de droite… Ainsi, pour avoir la moindre chance de faire adopter sa réforme du système de santé, M. Barack Obama a dû préalablement s’engager à ce qu’elle n’ajoute pas un cent au niveau de la dette publique. Quand, au juste, fixe-t-on ce genre de condition aux aventures militaires ?

En divisant par trois le montant de la TVA reversée par les cafetiers et restaurateurs, le gouvernement français a récemment sacrifié 2,4 milliards d’euros de recettes. Quelques semaines plus tard, au prétexte d’« équité », il a récupéré 150 millions d’euros en fiscalisant les indemnités journalières versées aux victimes d’un accident du travail. Bien qu’il montre d’excellentes dispositions en la matière, il lui reste du chemin à faire avant d’égaler Reagan. Car l’ancien président rendit beaucoup plus doux les impôts des plus riches, puis, parce qu’il fallait réduire les déficits (qu’il venait de creuser), il demanda aux cantines scolaires de comptabiliser le ketchup comme un légume, lorsqu’elles apprécieraient la valeur nutritionnelle des repas qu’elles servaient aux élèves…

C’est en Californie, l’Etat dont Reagan fut gouverneur, que démarra en 1978 la contrerévolution discale qui ensuite balaya le monde. Là-bas, les caisses sont aujourd’hui tout à fait vides (le déficit, chronique depuis une décennie, y atteint 26 milliards de dollars). Jeudi 19 novembre dernier, l’université publique a donc relevé ses droits d’inscription de 32%. Précédemment, elle venait de supprimer deux mille emplois.

9 avr. 2010

Dans la tête d'un banquier, par Pierre Bourdieu

L'article que je vous présente maintenant a été publié dans le même magazine que l'article précédent (Manière de voir n°102). Il s'agit en fait d'une conférence donnée en 1996 par le sociologue Pierre Bourdieu aux rencontres culturelles franco-allemandes, qui se sont tenues à Fribourg cette année-là.

Il y est sujet de Banque centrale, et de réduction de dette publique.



DANS LA TÊTE D'UN BANQUIER

Ayant lu dans l'avion un entretien du président de la Banque centrale allemande (Bundesbank), M. Hans Tietmeyer, présenté comme le « grand prêtre du deutschemark » – ni plus ni moins –, je voudrais me livrer à cette sorte d’analyse herméneutique qui convient aux textes sacrés : « L’enjeu aujourd’hui, c’est de créer les conditions favorables à une croissance durable et à – le mot clé – la confiance des investisseurs. Il faut donc contrôler les budgets publics. »

C’est-à-dire – il sera plus explicite dans les phrases suivantes – enterrer le plus vite possible l’Etat social et, entre autres choses, ses politiques sociales et culturelles dispendieuses, pour rassurer les investisseurs qui aimeraient mieux se charger eux-mêmes de leurs investissements culturels. Je suis sûr qu’ils aiment tous la musique romantique et la peinture impressionniste, et je suis persuadé, sans rien savoir sur le président de la Banque centrale allemande, que, à ses heures perdues, comme le directeur de la Banque de France, M. Jean-Claude Trichet, il lit la poésie et pratique le mécénat.

« Il faut donc, dit-il, contrôler les budgets publics, baisser le niveau des taxes et impôts jusqu’à leur donner un niveau supportable à long terme. »

Entendez : baisser le niveau des taxes et impôts des investisseurs jusqu’à les rendre supportables à long terme par ces mêmes investisseurs, évitant ainsi de les encourager à porter ailleurs leurs investissements. Continuons la lecture :

« Il faut (…) réformer le système de protection sociale. » C'est-à-dire, bis repetita, enterrer l’Etat-providence et ses politiques de protection sociale, bien faites pour ruiner la confiance des investisseurs, susciter leur méfiance légitime, certains qu’ils sont en effet que leurs acquis économiques – on parle d’acquis sociaux, on peut bien parler d’acquis économiques –, c’est-à-dire leurs capitaux, ne sont pas compatibles avec les acquis sociaux des travailleurs, et que ces acquis économiques doivent évidemment être sauvegardés à tout prix, fût-ce en ruinant les maigres acquis économiques et sociaux de la grande majorité des citoyens de l’Europe à venir, ceux que l’on a beaucoup désignés en décembre 1995 comme de « nantis », des « privilégiés ».

M. Hans Tietmeyer est convaincu que les acquis sociaux des investisseurs, autrement dit leurs acquis économiques, ne survivraient pas à une perpétuation du système de protection sociale. C’est ce système qu’il faut donc réformer d’urgence, parce que les acquis économiques des investisseurs ne sauraient attendre. Et M. Hans Tietmeyer, penseur de haute volée, qui s’inscrit dans la grande lignée de la philosophie idéaliste allemande, poursuit : « Il faut donc contrôler les budgets publics, baisser le niveau des taxes et impôts jusqu’à leur donner un niveau supportable à long terme, réformer le système de protection sociale, démanteler les rigidités sur le marché du travail, de sorte qu’une – ce « de sorte » mériterait un long commentaire – nouvelle phase de croissance (…) ne sera atteinte à nouveau que si nous faisons un effort – le « nous faisons » est magnifique – de flexibilité sur le marché du travail. »

Ça y est. Les grands mots sont lâchés, et M. Hans Tietmeyer donne un magnifique exemple de la rhétorique euphémistique qui a cours sur les marchés financiers. L’euphémisme est indispensable pour susciter durablement la confiance des investisseurs – dont on aura compris qu’elle est l’alpha et l’omega de tout le système économique, le fondement et le but ultime, le telos, de l’Europe et de l’avenir –, tout en évitant de susciter la défiance ou le désespoir des travailleurs, avec qui, malgré tout, il faut aussi compter, si l’on veut avoir cette nouvelle phase de croissance qu’on leur fait miroiter, pour obtenir d’eux l’effort indispensable. Parce que c’est d’eux que cet effort est attendu, même si M. Hans Tietmeyer, décidément passé maître en euphémismes, dit bien : « Démanteler les rigidités sur le marché du travail, de sorte qu’une nouvelle phase de croissance ne sera atteinte à nouveau que si nous faisons un effort de flexibilité sur le marché du travail. » Splendide travail rhétorique, qui peut se traduire : Courage travailleurs ! Tous ensemble faisons l’effort de flexibilité qui vous est demandé !

Au lieu de poser, imperturbable, une question sur la parité extérieure de l’euro, le journaliste aurait pu demander à M. Hans Tietmeyer le sens qu’il donne aux mots-clés de la langue des investisseurs : « rigidité sur le marché du travail » et « flexibilité sur le marché du travail ». Les travailleurs, eux, entendraient immédiatement : travail de nuit, travail pendant les week-ends, horaires irréguliers, pression accrue, etc. (…)

Si un texte aussi extraordinaire, aussi extraordinairement extraordinaire, était exposé à passer inaperçu et à connaître le destin des écrits quotidiens de quotidiens, qui s’envolent comme des feuilles mortes, c’est qu’il était parfaitement ajusté à l’« horizon d’attente » de la grande majorité des lecteurs de quotidiens que nous sommes. Or cet horizon est le produit d’un travail social. Si les mots du discours de M. Hans Tietmeyer passent si facilement, c’est qu’ils ont cours partout. Ils sont partout, dans toutes les bouches. Ils courent comme monnaie courante, on les accepte sans hésiter, comme on fait d’une monnaie, d’une monnaie stable et forte, évidemment, aussi stable et aussi digne de confiance, de croyance, que le deutschemark : « Croissance durable », « confiance des investisseurs », « budgets publics », « système de protection sociale », « rigidité », « marché du travail », « flexibilité », à quoi il faudrait ajouter, « globalisation », « flexibilisation », « baisse des taux » – sans préciser lesquels – « compétitivité », « productivité », etc.

Cette croyance universelle, qui ne va pas du tout de soi, comment s’est elle répandue ? Un certain nombre de sociologues, britanniques et français notamment, dans une série de livres et d’articles, ont reconstruit la filière selon laquelle ont été produits et transmis ces discours néolibéraux qui sont devenus une doxa, une évidence indiscutable et indiscutée. Par toute une série d’analyses des textes, des lieux de publication, des caractéristiques des auteurs de ces discours, des colloques dans lesquels ils se réunissaient pour les produire, etc., ils ont monté comment, en Grande-Bretagne et en France, un travail constant a été fait, associant des intellectuels, des journalistes, des hommes d’affaires, dans des revues qui se sont peu à peu imposées comme légitimes, pour établir comme allant de soir une vision néolibérale qui, pour l’essentiel, habille de rationalisations économiques les présupposés les plus classiques de la pensée conservatrice de tous les temps et de tous les pays.

Ce discours d’allure économique ne peut circuler au-delà du cercle de ses promoteurs qu’avec la collaboration d’une foule de gens, hommes politiques, journalistes, simples citoyens qui ont une teinture d’économie suffisante pour pouvoir participer à la circulation généralisée des mots mal étalonnés d’une vulgate économique. Un exemple de cette collaboration, ce sont les questions du journaliste qui va en quelque sorte au devant des attentes de M. Hans Tietmeyer : Il est tellement imprégné par avance des réponses qu’il pourrait les produire.

C’est à travers de telles complicités passives qu’est venue peu à peu à s’imposer une vision dite « néolibérale », en fait conservatrice, reposant sur une foi d’un autre âge dans l’inévitabilité historique fondée sur le primat des forces productives. Et ce n’est pas par hasard si tant de gens de ma génération sont passés sans peine d’un fatalisme marxiste à un fatalisme néolibéral : dans les deux cas, l’économisme déresponsabilise et démobilise en annulant la politique et en imposant toute une série de fins indiscutées, la croissance maximum, l’impératif de compétitivité, l’impératif de productivité, et du même coup un idéal humain, que l’on pourrait appeler l’idéal FMI (Fonds monétaire international). On ne peut pas adopter la vision néolibérale sans accepter tout ce qui va de pair, l’art de vivre yuppie, le règne du calcul rationnel ou du cynisme, la course à l’argent instituée en modèle universel. Prendre pour maître à penser le président de la Banque centrale allemande, c’est accepter une telle philosophie.

Ce qui peut surprendre, c’est que ce message fataliste se donne les allures d’un message de libération, par toute une série de jeux lexicaux autour de l’idée de liberté, de libéralisation, de dérégulation, etc., par toute une série d’euphémisme, ou de double jeux avec les mots – réforme par exemple –, qui vise à présenter une restauration comme une révolution, selon une logique qui est celle de toutes les révolutions conservatrices. (…)

Revenons pour finir au mot-clé du discours de Hans Tietmeyer, la « confiance des marchés ». Il a le mérite de mettre en pleine lumière le choix historique devant lequel sont placés tous les pouvoirs : entre la confiance des marchés et la confiance du peuple, il faut choisir. La politique qui vise à garder la confiance des marchés perd la confiance du peuple. (…)

6 avr. 2010

Le dollar, « notre devise, votre problème », par Akram Belkaïd

Suite à la demande formulée par l'un d'entre vous, je me concentre cette semaine sur 2 sujets économiques : la dette de l'état, et l'émission de monnaie, sans me restreindre à la France.


Voici un article rédigé par Akram Belkaïd, et publié dans le magazine Manière de voir (n°102 – Décembre 2008 – Janvier 2009 : LE KRACH DU LIBÉRALISME).



LE DOLLAR, « NOTRE DEVISE, VOTRE PROBLÈME »

Après la perte d’influence définitive de la livre sterling au milieu du XXème siècle, le dollar américain est devenu la plus importante devise du système monétaire. Elle est utilisée dans 60% des transactions commerciales transfrontalières. En deuxième lieu, elle occupe une part prépondérante dans les coffres de toutes les banques centrales : près de 2730 milliards de dollars y reposent, soit 62,4% des réserves mondiales de change à la fin du premier semestre 2008. Le dollar est aussi la monnaie la plus traitée sur le marché des devises (65% des opérations sur le marché des changes). Fort logiquement, c’est aussi la plus contrefaite : on compterait 100 millions de faux dollars dans le monde.

Plusieurs facteurs expliquent cette prépondérance du billet vert. Il reflète d’abord l’importance de la première économie du monde. Mais aussi, et surtout, le fait que les États-Unis sont déliés de toute contrainte en matière de création de monnaie, ce qui leur permet d’inonder la planète de dollars. En effet, depuis le 15 août 1971, la devise américaine n’étant plus convertible en or, la création monétaire aux États-Unis n’est plus assujettie à la possession de stocks de métal jaune par la Réserve fédérale. En clair, l’Amérique peut créer autant de dollars qu’elle veut. Ce qui lui offre un avantage considérable par rapport aux autres pays : non seulement ces derniers constituent majoritairement leurs réserves en dollars (et non pas dans leur propre monnaie), mais ils sont obligés d’utiliser le billet vert dans tous leurs échanges financiers avec les États-Unis.

En son temps déjà, lé général de Gaulle avait dénoncé ce « privilège exorbitant de l’Amérique », reprenant la formule de l’économiste Jacques Rueff. « Ce que les États-Unis doivent à l’étranger, ils le lui paient, tout au moins en partie, avec des dollars qu’il ne tient qu’à eux d’émettre », avait-il estimé.

Depuis, la problématique n’a guère changé. Les États-Unis renforcent en permanence l’influence du dollar puisqu’ils continuent à s’endetter dans leur propre monnaie via notamment les bons du Trésor. Officiellement, les gouvernements américains expliquent que c’est au marché des changes de fixer la valeur des monnaies, tout en affirmant vouloir un dollar fort. En réalité, le département du Trésor oriente le billet vert à la hausse ou à la baisse selon ses intérêts du moment.

« Le dollar est notre devise mais c’est votre problème » : la boutade prêtée à John Connally, secrétaire d’État au Trésor sous le président Richard Nixon, semble toujours d’actualité. Pour autant, le ciel n’est plus tout bleu. Les milieux d’affaire parient sur une baisse sensible de la valeur du dollar, ce qui pourrait coûter à la devise américaine son rang de première monnaie de réserve. En outre, de plus en plus de transactions commerciales s’opèrent dans d’autres monnaies, certains pays producteurs de pétrole évoquant même l’idée de libeller leurs contrats en euros, en yens ou même en yuans. Le dollar américain sera-t-il l’une des victimes de la crise de 2008 ?

4 avr. 2010

Revue de presse (RIS 77)

LA REVUE INTERNATIONALE ET STRATEGIQUE
n°77 (Printemps 2010)

Cette publication trimestrielle regroupe des articles de fond et des dossiers sur des sujets vraiment divers. Cette diversité se retrouve également dans le choix des auteurs.

Pascal Boniface, régulièrement invité des plateaux télés en tant qu'expert en géostratégie, a réussi le tour de maître de trouver le juste milieu. Ni trop proche du pouvoir, évitant ainsi la connivence, ni trop loin non plus, ce qui permet l'étude approfondie.

Le dossier du numéro 77 traite de la politique étrangère de Nicolas Sarkozy. Je vous présente deux extraits d'articles ne faisant pas partie de ce dossier.



LA PHOTOGRAPHIE NE CHANGE PAS L'HISTOIRE, MAIS SES ACTEURS

Excellente interview de Reza, photographe hors du commun (propos recueillis par Didier Billion et Marie de Jerphanion).

[...]
Dans ce monde où le rôle de l'image est capital, ce qui se passe en Iran est très intéressant. Pour la première fois dans un mouvement de contestation sociale de grande ampleur, il y a très peu de photographe indépendants du pouvoir, mais les manifestants jouent, grâce à leur téléphone portable, le rôle de photo-journaliste.

REZA - Absolument. On parle de révolution de l'informatique. La guerre du Vietnam a marqué le début de la prise de conscience de la force des médias sur le plan politique. Face à cette menace, les institutions politiques cherchent à contrôler ou restreindre le pouvoir des médias par deux moyens : restreindre leur présence sur le terrain, d'une part, leur porter physiquement atteinte, d'autre part. L'armée israélienne a ainsi, dans les années 1990, mis en place une unité d'élite chargée de surveiller les journalistes et qui pouvaient même leur tirer dessus. Par ailleurs, lors de la première guerre du Golfe, la présence des journalistes sur le terrain a été encadrée. Seuls quelques journalistes étaient autorisés à suivre les combattants, et évidemment les personnes choisies n'étaient pas hostiles à l'opération. Une autre technique est de devenir actionnaire ou propriétaire des médias. Aujourd'hui en France, les trois-quarts des médias appartiennent à trois groupes : Lagardère, Dassault et Bouygues. C'est antidémocratique, on ne peut accepter que les médias d'un pays soient contrôlés par des groupes détenant le monopole sur les industries des armes, du bâtiment, de la communication, etc.

Mais Internet a complètement modifié la donne. On va vers une ère de "citizen journalism". Les nombreuses photos des manifestations iraniennes diffusées via Internet, notamment facebook, en est l'illustration. Le régime iranien s'est trouvé dépassé, alors qu'il pensait contrôler la situation en empêchant les journalistes de sortir de leurs hôtels.
[...]


LA POLITIQUE AFRICAINE D'OBAMA :
UN SEMBLANT DE RUPTURE ?

Par Constance Desloire

En janvier 2009, l'administration Obama hérite du United States Africa Command (Africom), le nouveau commandement militaire exclusivement dédié à l'Afrique entré en activité trois mois auparavant, et conçu au cours des mandats de Georges W. Bush. Les polémique sur cette structure sont alors à leur paroxysme, car elle représente l'aboutissement du retour direct des États-Unis sur un continent délaissé depuis quinze ans, dans un contexte de lutte contre le terrorisme, de recherche de nouveaux approvisionnements énergétiques, de concurrence de la Chine - trois raisons de s'implanter en Afrique, rejetées comme des "mythes" par les responsables de la Défense...

Africom innove en voulant s'occuper également de questions civiles, ce qui inquiète les Africains et les a poussés à refuser leur sol au quartier général de cette nouvelle structure, installée en Allemagne par défaut. La politique africaine d'Obama est encore trop peu différenciée des années précédentes pour rassurer les Africains, qui tentent en parallèle d'organiser une sécurité à l'échelle régionale. Africom interroge à la fois la place de l'outil militaire dans la politique étrangère, la dépendance des armées nationales vis-à-vis de l'extérieur, et plus largement les futurs outils de la sécurité du continent.

[...]


1 avr. 2010

Solutions locales pour un désordre global


C'est un thème altermondialiste. C'est également le titre du nouveau film de Coline Serreau, qui sort en salle le 7 Avril 2010.

Je n'ai malheureusement pas encore vu ce film. Mais le thème principale semble être l'agriculture, l'élevage, et l'alimentation modernes.

En voici la bande-annonce...




Solutions locales pour un désordre global - Bande-annonce
envoyé par mouvementcolibris. - Regardez plus de films, séries et bandes annonces.


Comme l'indique le titre, Solutions locales pour un désordre global, l'auteur de ce documentaire ne se contente pas de dénoncer, mais propose des alternatives aux problèmes actuels.

Concernant les OGM, on peut écouter l'interview de Coline Serreau, qui appelle au passage à la Révolution !!



Entretien avec Coline Serreau
envoyé par mouvementcolibris. - L'info video en direct.

Émile Beaufort et l'Europe

Jean Gabin incarne Émile Beaufort
Voici une vidéo extraite du film Le Président d'Henri Verneuil. Ce film n'est pas tout jeune (il date de 1961), mais les propos tenus par Jean Gabin sont malheureusement toujours d'actualité.

Ce dernier joue l'ancien président du conseil Émile Beaufort, et sort une diatribe sans pareil. Le sujet : l'Europe des banquiers. La démonstration force le respect, loin de tout fantasme sur le sujet. Et quelle vibration !!

J'en suis encore tout ému...


jean gabin contre l'Europe oligarchique
envoyé par dstephane75. - Regardez des web séries et des films.


PS : je n'ai aucun lien idéologique avec la personne qui a publié cette vidéo sur Dailymotion