Pas de compassion pour tous.
LE GRAND SECRÉTAIRE. - Si les hommes qui vivent maintenant sur notre territoire sont dans le besoin, bien que ne sévissent ni épidémies ni calamités naturelles, la faute en revient à leur prodigalité ou à leur paresse ; ceux qui jouissent d'une relative aisance le doivent à leur travail ou leur économie. Vous avez dit tout à l'heure : « Le prince se réjouit de prodiguer ses largesses et s'émeut d'avoir à punir. » N'est-ce pas là compatir sur le sort d'êtres nuisibles à la société et entretenir des fainéants ? Donner sans discrimination n'est pas répandre ses largesses, distribuer ses faveurs à ceux qui ne le méritent point n'est pas faire preuve de bienveillance.
Bienfaits de l'aisance.
LES SAGES. - Durant l'apogée des Trois Antiques Dynasties, il n'y eut pas le moindre trouble. Parfait était l'enseignement des souverains. Mais sur le déclin des deux derniers, des Xia et des Shang, il ne restait pas un sujet soumis dans l'Empire, car telles étaient les mœurs de la populace. C'est pourquoi les souverains ont fondé des écoles et des académies afin de diffuser la morale et la civilité parmi les masses, et de contenir leurs mauvais penchants, afin de leur inculquer les bienfaits de la morale, de leur insuffler la bienveillance et de les éveiller au bien. Lorsque les bonnes manières et le sens moral règnent sur l'esprit du peuple, même les laboureurs se cèdent le pas sur le bord des champs, mais quand ces saints principes sont abandonnés, les gentilshommes se chamaillent à la Cour. La richesse permet à la bonté de s'épanouir ; l'abondance met fin à la discorde. Si quelqu'un, à la tombée de la nuit, vient frapper à la porte pour demander de l'eau ou du feu, le plus pingre des hommes ne le repoussera pas. Pourquoi? Parce que ce sont là choses que tout le monde possède en abondance. Si ceux qui gouvernent arrivent à rendre le mil et le riz aussi courant que l'eau ou le feu, il n'y aura pas un seul homme pour bafouer la bienveillance.
Dangers de l'aisance.
LE GRAND SECRÉTAIRE. - Les débauchés qui aiment les jeux et les chevaux sont tous fils de riches seigneurs. On ne peut dire d'eux qu'ils vivent dans l'indigence ! En réalité, si le peuple est riche, il devient dépensier ; s'il possède l'abondance, il devient prodigue. Il est futile dans ses loisirs et, dès qu'il agit, il fait le mal. Je ne vois pas que l'aisance fasse pratiquer la vertu. Si l'on est d'une nature paresseuse ou dépensière, on connaîtra nécessairement la pauvreté, aurait-on des biens en quantité aussi inépuisable que le sont l'eau et le feu. Quand le peuple est prodigue, même si ses maîtres l'assistent dans ses travaux, il n'aura jamais rien en suffisance.
Abondance et pudeur.
LES SAGES. - Quand le duc de Tcheou exerçait sa charge de Premier ministre du roi Cheng, le peuple vivait heureux et prospère. Il n'y avait pas un miséreux dans tout le royaume ; et cela sans que l'État donnât des subventions pour l'assister dans les activités agricoles et textiles.
En procédant à une nouvelle répartition des terres et en allégeant les impôts, on peut apporter le bien-être aux cultivateurs. Quand, au sommet de la hiérarchie, on sert le prince et ses proches, quand, en bas de la pyramide sociale, le peuple ne souffre ni de la faim ni du froid, la morale se répand dans l'Empire. Dans les Entretiens, ne dit-on pas : « Une fois que le pays est prospère, que faut-il encore ? Le Maître répondit : "Éduquer le peuple." » Éduqué par la vertu, pacifié par les rites, le peuple agit conformément au sens moral et au bien. Personne alors qui ne pratique la piété filiale et ne vénère ses aînés. Comment dans une telle société y aurait-il place pour la prodigalité, la cruauté ou le relâchement ? Le Kouan-tseu eut une belle formule : « Quand les greniers sont pleins, on connaît les rites et la mesure. Quand le peuple a tout en suffisance, il connaît la pudeur. » Un peuple prospère agit conformément aux rites.
Difficultés de la vertu.
LE GRAND SECRÉTAIRE. - L'État est à l'égard du peuple comme un père compatissant avec ses fils. Le souverain laboure lui-même au début du printemps le champ royal pour inciter le peuple à l'ouvrage, il distribue des biens afin d'aider les nécessiteux. Il fait écouler les eaux stagnantes, pardonne aux criminels légers, veille à ce que le peuple travaille selon les saisons. La vertu du souverain n'a pas cessé de s'exercer. Et si jusqu'aujourd'hui il y a encore des pauvres, cela montre la difficulté qu'il y a à pratiquer la vertu.
Campagnes désertées.
LES SAGES. - Quand le peuple manque du nécessaire, les impôts rentrent mal. Quand le peuple travaille peu, les résultats sont minces. Il faut inculquer au peuple le goût du travail et ne jamais le distraire de ses tâches. Zhao Po écoutait les plaignants à l'ombre d'un sorbier afin de protéger les intérêts des paysans. Aujourd'hui, alors que les pluies de printemps sont tombées, on ne songe même pas à semer les graines ; en automne, les récoltes pourrissent sur pied sans qu'on les fauche. La campagne est un désert, mais les bourgs et les hameaux forment de véritables villes. À l'équinoxe de printemps, on se contente de suspendre des banderoles vertes et de fouetter un bœuf de terre pour chasser l'hiver. Ce n'est peut-être pas suffisant pour promouvoir l'agriculture !
LE GRAND SECRÉTAIRE. - Si les hommes qui vivent maintenant sur notre territoire sont dans le besoin, bien que ne sévissent ni épidémies ni calamités naturelles, la faute en revient à leur prodigalité ou à leur paresse ; ceux qui jouissent d'une relative aisance le doivent à leur travail ou leur économie. Vous avez dit tout à l'heure : « Le prince se réjouit de prodiguer ses largesses et s'émeut d'avoir à punir. » N'est-ce pas là compatir sur le sort d'êtres nuisibles à la société et entretenir des fainéants ? Donner sans discrimination n'est pas répandre ses largesses, distribuer ses faveurs à ceux qui ne le méritent point n'est pas faire preuve de bienveillance.
Bienfaits de l'aisance.
LES SAGES. - Durant l'apogée des Trois Antiques Dynasties, il n'y eut pas le moindre trouble. Parfait était l'enseignement des souverains. Mais sur le déclin des deux derniers, des Xia et des Shang, il ne restait pas un sujet soumis dans l'Empire, car telles étaient les mœurs de la populace. C'est pourquoi les souverains ont fondé des écoles et des académies afin de diffuser la morale et la civilité parmi les masses, et de contenir leurs mauvais penchants, afin de leur inculquer les bienfaits de la morale, de leur insuffler la bienveillance et de les éveiller au bien. Lorsque les bonnes manières et le sens moral règnent sur l'esprit du peuple, même les laboureurs se cèdent le pas sur le bord des champs, mais quand ces saints principes sont abandonnés, les gentilshommes se chamaillent à la Cour. La richesse permet à la bonté de s'épanouir ; l'abondance met fin à la discorde. Si quelqu'un, à la tombée de la nuit, vient frapper à la porte pour demander de l'eau ou du feu, le plus pingre des hommes ne le repoussera pas. Pourquoi? Parce que ce sont là choses que tout le monde possède en abondance. Si ceux qui gouvernent arrivent à rendre le mil et le riz aussi courant que l'eau ou le feu, il n'y aura pas un seul homme pour bafouer la bienveillance.
Dangers de l'aisance.
LE GRAND SECRÉTAIRE. - Les débauchés qui aiment les jeux et les chevaux sont tous fils de riches seigneurs. On ne peut dire d'eux qu'ils vivent dans l'indigence ! En réalité, si le peuple est riche, il devient dépensier ; s'il possède l'abondance, il devient prodigue. Il est futile dans ses loisirs et, dès qu'il agit, il fait le mal. Je ne vois pas que l'aisance fasse pratiquer la vertu. Si l'on est d'une nature paresseuse ou dépensière, on connaîtra nécessairement la pauvreté, aurait-on des biens en quantité aussi inépuisable que le sont l'eau et le feu. Quand le peuple est prodigue, même si ses maîtres l'assistent dans ses travaux, il n'aura jamais rien en suffisance.
Abondance et pudeur.
LES SAGES. - Quand le duc de Tcheou exerçait sa charge de Premier ministre du roi Cheng, le peuple vivait heureux et prospère. Il n'y avait pas un miséreux dans tout le royaume ; et cela sans que l'État donnât des subventions pour l'assister dans les activités agricoles et textiles.
En procédant à une nouvelle répartition des terres et en allégeant les impôts, on peut apporter le bien-être aux cultivateurs. Quand, au sommet de la hiérarchie, on sert le prince et ses proches, quand, en bas de la pyramide sociale, le peuple ne souffre ni de la faim ni du froid, la morale se répand dans l'Empire. Dans les Entretiens, ne dit-on pas : « Une fois que le pays est prospère, que faut-il encore ? Le Maître répondit : "Éduquer le peuple." » Éduqué par la vertu, pacifié par les rites, le peuple agit conformément au sens moral et au bien. Personne alors qui ne pratique la piété filiale et ne vénère ses aînés. Comment dans une telle société y aurait-il place pour la prodigalité, la cruauté ou le relâchement ? Le Kouan-tseu eut une belle formule : « Quand les greniers sont pleins, on connaît les rites et la mesure. Quand le peuple a tout en suffisance, il connaît la pudeur. » Un peuple prospère agit conformément aux rites.
Difficultés de la vertu.
LE GRAND SECRÉTAIRE. - L'État est à l'égard du peuple comme un père compatissant avec ses fils. Le souverain laboure lui-même au début du printemps le champ royal pour inciter le peuple à l'ouvrage, il distribue des biens afin d'aider les nécessiteux. Il fait écouler les eaux stagnantes, pardonne aux criminels légers, veille à ce que le peuple travaille selon les saisons. La vertu du souverain n'a pas cessé de s'exercer. Et si jusqu'aujourd'hui il y a encore des pauvres, cela montre la difficulté qu'il y a à pratiquer la vertu.
Campagnes désertées.
LES SAGES. - Quand le peuple manque du nécessaire, les impôts rentrent mal. Quand le peuple travaille peu, les résultats sont minces. Il faut inculquer au peuple le goût du travail et ne jamais le distraire de ses tâches. Zhao Po écoutait les plaignants à l'ombre d'un sorbier afin de protéger les intérêts des paysans. Aujourd'hui, alors que les pluies de printemps sont tombées, on ne songe même pas à semer les graines ; en automne, les récoltes pourrissent sur pied sans qu'on les fauche. La campagne est un désert, mais les bourgs et les hameaux forment de véritables villes. À l'équinoxe de printemps, on se contente de suspendre des banderoles vertes et de fouetter un bœuf de terre pour chasser l'hiver. Ce n'est peut-être pas suffisant pour promouvoir l'agriculture !