17 avr. 2012

Interview d’Hervé de Carmoy, vice-président de la Commission Trilatérale

Hervé de Carmoy est l’auteur du livre « L’Euramérique » (sorti en 2007) dans lequel il dévoile assez largement le futur Traité Transatlantique. Plus récemment, il a coécrit avec Alexandre Adler le livre « Où va l’Amérique d’Obama », analyse et prospective du mandat du dernier président américain.

Hervé de Carmoy est également vice-président Europe de la Commission Trilatérale. Nous sommes allés à sa rencontre pendant le Salon du Livre 2012, afin de le questionner sur quelques sujets : Barack Obama et son prix Nobel de la paix, Zbigniew Brzezinski, Le Traité Transatlantique, …



Je tiens à remercier Hervé de Carmoy pour sa franchise. Cet ancien directeur de la Chase Manathan Bank (grosse banque américaine) est aussi le tenant d’un Capitalisme sage, malheureusement révolu ; ainsi, peu avant l’interview, il expliquait que les investissements en Entreprise se faisait jadis sur 20 ans minimum !



Précisons que Zbigniew Brzezinski  est l’actuel conseiller de Barack Obama en politique étrangère. Pour mémoire, voici l’étonnante interview livrée par Zbigniew Brzezinski au Nouvel Observateur en 1997, soit 4 ans avant les attentats du 11 septembre 2001 :


Le Nouvel Observateur : L’ancien directeur de la CIA Robert Gates l’affirme dans ses Mémoires : les services secrets américains ont commencé à aider les moudjahidines afghans six mois avant l’intervention soviétique.
A l’époque, vous étiez le conseiller du président Carter pour les affaires de sécurité, vous avez donc joué un rôle clé dans cette affaire. Vous confirmez ?

Zbigniew Brzezinski : Oui. Selon la version officielle de l’histoire, l’aide de la CIA aux moudjahidines a débuté courant 1980, c’est-à-dire après que l’armée soviétique eut envahi l’Afghanistan, le 24 décembre 1979. Mais la réalité, gardée secrète jusqu’à présent, est tout autre : c’est en effet le 3 juillet 1979 que le président Carter a signé la première directive sur l’assistance clandestine aux opposants du régime pro-soviétique de Kaboul. Et ce jour-là, j’ai écrit une note au président dans laquelle je lui expliquais qu’à mon avis cette aide allait entraîner une intervention militaire des Soviétiques.

Le Nouvel Observateur : Malgré ce risque, vous étiez partisan de cette « covert action » (opération clandestine). Mais peut-être même souhaitiez-vous cette entrée en guerre des Soviétiques et cherchiez-vous à la provoquer ?

Zbigniew Brzezinski : Ce n’est pas tout à fait cela. Nous n’avons pas poussé les Russes à intervenir, mais nous avons sciemment augmenté la probabilité qu’ils le fassent.

Le Nouvel Observateur : Lorsque les Soviétiques ont justifié leur intervention en affirmant qu’ils entendaient lutter contre une ingérence secrète des États-Unis en Afghanistan, personne ne les a crus. Pourtant, il y avait un fond de vérité. Vous ne regrettez rien aujourd’hui ?

Zbigniew Brzezinski : Regretter quoi ? Cette opération secrète était une excellente idée. Elle a eu pour effet d’attirer les Russes dans le piège afghan et vous voulez que je le regrette ? Le jour où les Soviétiques ont officiellement franchi la frontière, j’ai écrit au président Carter, en substance : « Nous avons maintenant l’occasion de donner à l’URSS sa guerre du Vietnam. » De fait, Moscou a dû mener pendant presque dix ans une guerre insupportable pour le régime, un conflit qui a entraîné la démoralisation et finalement l’éclatement de l’empire soviétique.

Le Nouvel Observateur : Vous ne regrettez pas non plus d’avoir favorisé l’intégrisme islamiste, d’avoir donné des armes, des conseils à de futurs terroristes ?

Zbigniew Brzezinski : Qu’est-ce qui est le plus important au regard de l’histoire du monde ? Les talibans ou la chute de l’empire soviétique ? Quelques excités islamistes ou la libération de l’Europe centrale et la fin de la guerre froide ?

Le Nouvel Observateur : « Quelques excités » ? Mais on le dit et on le répète : le fondamentalisme islamique représente aujourd’hui une menace mondiale.

Zbigniew Brzezinski : Sottises ! Il faudrait, dit-on, que l’Occident ait une politique globale à l’égard de l’islamisme. C’est stupide : il n’y a pas d’islamisme global. Regardons l’islam de manière rationnelle et non démagogique ou émotionnelle. C’est la première religion du monde avec 1,5 milliard de fidèles. Mais qui a-t-il de commun entre l’Arabie Saoudite fondamentaliste, le Maroc modéré, le Pakistan militariste, l’Égypte pro-occidentale ou l’Asie centrale sécularisée ? Rien de plus que ce qui unit les pays de la chrétienté.



Enfin, cerise sur le gâteau, voici un extrait du livre de Brzezinski « Between Two Ages », mentionné pendant l’interview :

« La technologie va doter les dirigeants des principaux pays de techniques capables de mener en secret une guerre dont seules des forces de sécurité réduites au minimum seraient au courant… On pourrait utiliser des techniques comme la modification des conditions climatiques pour engendrer des périodes prolongées de sécheresse ou d’orage. »

Amis “complotistes”, bonsoir !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire